Le marché immobilier breton présente une situation inhabituelle, avec des prix qui résistent à la baisse, en dépit d’une forte contraction du nombre de transactions au cours du deuxième trimestre 2023. Comment expliquer une telle conjoncture ? Cette tendance prévaut-elle sur tout le territoire breton ? Éléments de réponse.

Une étonnante résistance des prix

Contrairement à ce que vivent les régions comme l?Ile-de-France, où les prix de l’immobilier connaissent une pression baissière, la Bretagne et la Loire-Atlantique continuent à enregistrer des prix stables, voire en hausse.

Selon le bilan trimestriel du Conseil régional des notaires de la Cour d’appel de Rennes, les prix médians des appartements anciens ont augmenté de +5,8 % sur un an au deuxième trimestre 2023. Ceux des maisons anciennes ont bondi de +6,8 %, tandis que les appartements neufs affichaient une progression de +6,4 %.

Ces chiffres concernent les prix médians, reflétant les valeurs au centre de la distribution des transactions, et non les prix moyens basés sur les annonces.

L’envolée des prix s’observe dans l’ensemble des départements bretons. Par exemple, entre les deuxièmes trimestres de 2022 et 2023, le prix médian des appartements anciens a augmenté de +11,5 % dans le Finistère, de +7,6 % dans les Côtes-d’Armor et de +9,9 % dans le Morbihan. Cette tendance à la hausse, à première vue contre-intuitive, interroge davantage sur les raisons sous-jacentes.

Des marchés contrastés

Au second trimestre 2023, le nombre de ventes immobilières a chuté de manière significative, affichant une baisse de -23,4 % par rapport à 2022, comme l’indique Anne Fercoq-Le-Guen, présidente du Conseil régional des notaires de la Cour d’appel de Rennes.

Les responsables de cette situation sont, d’une part, la hausse des coûts de la construction pour les acheteurs de biens neufs, et d’autre part, l’augmentation des taux d’intérêt.

Malgré des conditions d’emprunt relativement favorables en Bretagne par rapport au reste de la France, la région enregistre une contraction des ventes encore plus marquée que la moyenne nationale. Les prévisions indiquent que le nombre de ventes de logements pourrait chuter de -20 % en 2023 par rapport à l’année précédente.

La principale explication réside dans la diversité du marché immobilier breton. Contrairement à certaines régions où les vendeurs ont dû réduire leurs prix pour stimuler les ventes, de nombreux vendeurs bretons ont résisté à la tendance baissière des prix.

Les disparités entre les différentes régions et segments du marché contribuent à cette dynamique contrastée. Les transactions continuent de se réaliser pour les biens de grande valeur et les biens abordables, tandis que le marché intermédiaire, où les acheteurs ont besoin de financements bancaires plus difficiles à obtenir, subit une pression à la baisse des prix.

L’influence du littoral

Le littoral breton reste un moteur essentiel des prix de l’immobilier. L’achat de résidences secondaires et l’installation de ménages plus aisés, moins dépendants des taux d’intérêt, continuent de soutenir la demande et de faire monter les prix, en particulier sur les côtes.

Néanmoins, malgré la stabilité actuelle, il est probable que les prix commencent à baisser dans un avenir proche, en particulier pour les appartements anciens et les maisons anciennes des Côtes-d’Armor et de la Loire-Atlantique, ainsi que pour les maisons anciennes de l’Ille-et-Vilaine et du Morbihan.

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